Elles Conjuguées

 

ELLES SONT SI BELLES

 

ELLES SONT SI BELLES

L'immense aventure de la formation sensationnelle et mystérieuse de milliards de cellules

 

ELLES METTENT AU MONDE

tant d' individualités qui forment la mouvante et puissante, la si diverse humanité.

Loin de n'être que chair, la masse douée de désir et de pensée chemine, piétine, de micro-mouvements en grandes enjambées, de sauts de puces en trépignements compulsifs,

l'humain progresse, construit et détruit et avance à nouveau.

 

ELLES SONT TENACES

et savent prendre et se prendre par la main,
s'ouvrir à elles-mêmes et accompagner l'autre dans de magnifiques révélations dont aucun, ignorants qu'ils sont, n'imagine  l'ampleur merveilleuse

 

ELLES SAVENT PARDONNER

pardonner l'oubli de l'autre, l'oubli de soi.

Pleurer pour laver les chagrins et les douleurs,

d'un geste de consolation, d'une parole d'absolution elles régénèrent le semblable

 

ELLES SONT PATIENCE ET DÉTERMINATION

Par les gestes ancestraux transmis au fil des jours, de regards en devoirs, et depuis les temps reculés
elles posent les yeux et les doigts sur les tâches nourricières et réconfortantes

Inlassablement

Dans l'amour et l'obligation entremêlés
Éternelles chevilles ouvrières de la paix

 

ELLES SE RETOURNENT

et se surprennent de la belle transformation qui s'est opérée,

à force de travail, de rêve

à forces de paroles, de chants et d'histoires racontées,

à force d’espérance, à force de tenir toujours, pour eux, pour elles, pour leur credo et leur vérité

De remarquables femmes se sont levées, laissant voir enfin le diamant qu'elles ont taillé.

 

ELLES SONT SI BELLES

 

Michèle A.

 

L'Autre, avec un grand L.


Elles poussent et tirent leurs caddies au supermarché ; le vide se remplit, la main se ferme et leur rire est glaçant. Elles oublient dans les promotions les gestes d'amour. Elles espèrent que le barbecue sera bon, la viande bien cuite. Moment d'intimité - partagé à côté - c'est raté. Elles ont oublié l'autre, trop pressées dans les publicités.

 

Elles sont L'Autre, avec un grand L.
Elles s'envolent, sans voile, tenaces,
sans dieux ni maîtres.
Elles sourient en elles-mêmes.

 

Et si on se saluait, ma Liberté ?!

 

Aurelia G.

 

Blender

 

Samedi matin, 8h, voiture, la route  déroule ses courbes  parsemée d’injonctions. Fluide, tranquille, je vais. Je me suis inscrit à une soirée de Gala…. incertain. Je suis en avance, je m’arrête sur le plateau, un dernier café au milieu de la vie. Cris et chuchotements, fiertés et certitudes. Les gestes précèdent les mots. le café est bon. Un petit vent déchire la chaleur naissante. Je me lève dernier sursaut avant le lieu.

 

Le long d’un mur, sagement…je sors …fermeture du monde d’avant, instant mystérieux, portail, un jardin, des tables arrangées, café au loin, croissants. Bonjour masqué. Au centre quelques livres, traces d’histoire.

 

L’espace inspire les années cinquante, architecture carrée, jardin utile, espace préservé. Un bel arbre ombrage le tout, un tilleul. Petit à petit connus et inconnus emplissent l’espace, suffisamment pour que le maître de séance nous invite à commencer l’oubli du corps, un café, un croissant, une place, il lance un vous, deux absences nous séparent du nous. Quelques instants, nous serons tous la, assis, saoul de tilleul, figeant le corps dans son immobilité. Par la même les mots auront toute liberté, le Gala des mots. La fête doit commencer.

 

La matinée sera jonchée de 3 mots, Un mot de je, un mot de tu , et un mot du vous pris au hasard. 3 mots comme les étapes d’une chasse au trésor. Les miens à moi, lovés dans ma main seront Autre, Amour, Papillon, facile .Imaginons  l’Autre comme une belle pièce centrale, l’Amour en accompagnement et papillon en décoration. Top chef. Facile. Les mots glisseront, les mots crochus, les mots tournoieront. Valse à trois mots.

 

Trop facile, dit-il , commencer par le je, puis aller au tu, passer par le nous, le-elle. Changer de style en cours de route. Et voilà que la recette initiale se retrouve dans un désordre inédit. Les mots sont projetés de gauche à droite, de bas en haut. Ne pas secouer la machine. Je savais le je tu il nous vous ils, outils barrières de la langue maternelle, positionnement permettant la précision, l’éloignement le rapprochement, la suggestion, l’exhibition par un juste usage de l’un ou de l’autre. Cela ne suffit pas il fallut oublier et faire avec un je tu elle, nous vous elles. Je se sentit en filigrane. Drame, modernité, je tu elle, je la tue, effet d’opportunité à lire la presse ces temps-ci. Le il disparut, perdu dans une masse d’O, les ailes virevoltantes des elles se jouant des lopins de terre à l’abandon. 

 

Sens dessus dessous, il fallut mélanger tout mélanger, l’âme du plat, l’accompagnement et la décoration. L’Autre, l’Amour et le Papillon. L’autre, nos symboles, votre imaginaire, moi. Mais l’Autre amputé de sa moitié ne devint qu’une illusion infirme. L’Amour sans moi ne devint qu’une évocation inutile. Mes mots perdus, chahutés, réduits à une vacuité sans fond. Je tomba , je entama une longue chute, les mains avaient beau agripper l’Autre ou l’Amour, je glissa inexorablement . Dans le noir de la nuit naissante, surgit le papillon, le papillon, évident de légèreté.

 

 Le papillon, lui s’en fout peut-être, du je, du tu ,du-il, du elle ,….. du nous. Le papillon va de mot en mot, se nourrissant , fertilisant , ses elles émerveillant le regard . Alors papillonnons de bouche en oreille, papillonnons. Je te suis. Ton vol est danse, archet sans cordes, tu voles en silence, tu dessines les mots, ton vol se courbe. Papillon. Léger. ………………………… Je reprend ciel…………loin, je se retourne ……….Au revoir.

 

Pierre L.

 

J’ai cris
Tu es
Elle hait l’émail des mots
Nous, somme tranquille
Vous êtes
Elles sont jeu.

 

Ton œil bleu 

 

Elles rient, elles volent, elles ont des douceurs de couleurs. 
Elles se déploient en sonates, en pensées vivantes, en papillons, en pollens, en jardins. 
Elles s'enveloppent d'un fil nacré. 
Elles songent devant la fenêtre ouverte.
Où sont elles ?
Sont dans l'attente. Elles patientent dans un bocage. 
Sont sous la pluie. Elles sont aspirées. 
S'élèvent jusqu'au ventre des nuages sombres. Se taisent.
Elles pleurent. Leur nez saigne.
De toute la force font un voyage.
Champ de blé, champ de blé, champ-de-mars arrivée, champ de blé, champ de blé, champ de blé. Maquis - Terminus.
Insomnies dans la chaleur.
Elles, dans un désert.
La terre, creusée. 
L'os. 
Un fémur sans doute. 
Un crâne plus tard, peut être.
Vivre. 
Sûr. 
Partout solitude.
Vic, victorieuses perdantes.
Comme un petit cheval.
A cause qu'il a débardé, débardé.
C'est pas arrêté.
S'éteignent sous un verre.
En papillon noir. 
Épinglées pour toujours.
C'est l' cœur qu'à lâché.

 

Claude R.

 

CELLES SANS AILES

 

Elles,
grandes et petites 
ardentes et éteintes
douces et heurtées
claires et sombres 
soutenues et délaissées
grosses et maigres
désespérées et radieuses 
effacées et brillantes
brisées et debout
fardées et nues
cassées et triomphantes
aimées et haïes
fortes et fragiles
entourées et négligées
oubliées ou en pleine lumière
de l'enfance au trépas
Elles sont celles sans ailes.


 
Elles sont le ventre d'un monde qui préfère les anges et les verges. 
On n'entend leurs paroles que les jours de grand froid.  
Leurs secrets sont hérissés de lait et de sang. 
Elles tissent des fils si fins qu'on les croit anodins. 
Dans leurs cocons poussent des ribambelles d'enfants. 
Elles les bercent de leurs mille bras.


 
Une terre rouge flamboyante, 
des jambes de gazelles, 
des ports de reines, 
des visages sculptés dans l'ébène, 
des couleurs vives, 
des rires en cascades, 
le poids de la chaleur, 
des bassines, des bidons,  
l'eau d'un puits, loin, très loin. 
Des femmes bravent le désert. 
Au village, bavards et désœuvrés, les guerriers de jadis boivent du thé.

 

Comme elle était belle, 
la jouvencelle qui ce matin là délia ses cheveux.
Comme elle était belle,  
quand elle déploya son corps tel un étendard. 
Plus de murs de bois, de pierre ou de métal pour la retenir. 
Plus le carcan d'un voile, d'un corset ou tant d'autres filets pour l'entortiller. 
Plus de règles austères pour fissurer ses moindres désirs. 
Plus d'ordres et de cris d'un maître, déguisé en frère, père ou mari, si prompt à l'asservir.


 
Elle avance portée par le courage de 
celles qui ont courbé l'échine, 
celles qui n'avaient pas le choix, 
celles qui avaient peur, 
celles qui se dévouaient, 
celles qui s'épuisaient,
celles qui se résignaient, 
celles qui ne parlaient pas,
celles qui étaient en colère, 
celles qui se battaient, 
Celles qui faisaient face.

 

Elle avance, lumineuse et fière, 
enfin entière.

 

Marie-Sol M. S.

 

Photographies

 


Elles, physiquement définies dans l’espace ; leurs espaces.
A les envisager présentes, elles sont multitudes d’histoires, de gués, de chemins, de sentiers conducteurs, de mémoriaux.
Elles, lumières et reflets d’ombres, splendeurs et mémoires,
Elles, icônes images de l’être. Sans fioritures ; comme reflets de ce monde qui s’affiche ; privées de masques.
Elles, conjuguées au présent. Rouleaux primordiaux - humanuscrits - même.
et origines,
et instant le plus lumineux, amoureux, charnel et offert.
Elle, présence et oubli. Carreau d’échiquier et échiquiers sans cesse vierges ; occupés ; libres à la fois.


Elle Amour


Elle est Amour !
Pour sourire à l’étranger solstice d’un train flou,
C’est pourtant flou, curieux, presque ras du sol et pourtant loyal tel l’équinoxe, emprunte couchée sur le timbre.
Amour ; entrelacé, ami, tel court l’enfant premier arrivé qui seul fleuri le jardin ombragé.
Tout neuf, amour utile et perspicace qui marche, marche, marche !
Elle est utile, sans utilité intrinsèque, S.U.V.*, radeau stable.

 

*Sans Utilité Véritable

Jean-Louis C.

 

Elles en équilibre au-dessus d’un immense possible

 

Elles
Toutes les Elles de mon enfance
noires, fortes, dures, puissantes
mais priant à genoux au pied d’un morceau de bois et de plâtre
Elles
corsetées, décolletées, maquillées
scintillantes telles un sapin de Noël
Elles poupées, Elles trophées
Elles
silencieuses et soumises
à l’autorité de leur il
Elles
et leurs ventres ronds abandonnés
Elles
oubliées au fond d’elles-mêmes

 

Mais

 

Elles bravant l’interdit
Elles sortant des routes tracées
Elles rejetant la place attribuée
Elles femmes mères délaissant leurs devoirs

 

Elles inventant d’autres elles
    sans certitude
    sans vérité
    sans avenir
Elles en équilibre au-dessus d’un immense possible

 

J’ai confiance en elles

 

Hélène R.

 

ELLES

 

Elles me font grimacer d'amertume comme un élixir de jouvence âpre, mais - À prendre toutes les trois heures, en alternant les brunes, les rousses, les blondes -

 

Elles me poussaient au voyage et je voyageais. Assis tout au fond, je voyais leur dos en classe, penché sur le bureau, au temps où elles étaient encore des points d'interrogations, et dans le soleil de midi qui incendiait notre classe, à l'heure où nous étions somnolents et affamés, je voyais un temple sur un replat dans les collines de calcaire et des prêtresses languides monter des marches blanchies par la lumière, ou des porteuses d'eau sur un chemin bordé de murs réguliers en pierres taillées menant à une source. 
Elles étaient là, ne semblant appartenir à rien d'autre qu'à elles mêmes. Elles étaient confusion, partout pareilles, même si dans la cour de l'école déjà, des groupes, garçons et filles, presque garçons et presque filles, et des enfants courant partout, se dessinaient.

 

Elles. Je ne savais pas encore que l'amour se délecterait du noir, et qu'elles en seraient la seule lumière. La quête ne sert à rien en définitive, on ne peut être partout à la fois, on ne peut être que là où on est, là où il nous faut être, on ne cherche pas, on trouve l'inattendu. L'illumination n'est pas de notre seul fait, elle est fortuite.

 

Elles étaient la mer autour des îlots, l'inondation, la multitude prégnante huilée et parfumée,  et puis elles se sont détachées, désunies, en fils remarquables d'une trame infinie où se discernaient des motifs, récurrents ou pas. L'inconnue, le grain de sable, le fil solitaire et providentiel qui se dresse à la surface d'un tissu, et qui provoque.

 

Elles, la voleuse, la guerrière, la tendre ou la victime, découvertes fabuleuses et nues, miroirs d'un instant. Chacune a été l'orage qui surprend et nous réfugie dans un café, une boulangerie.

 

Être vivant parce qu'elles existent.
Être à sa place, parce qu'en reconnaissant l'autre, on se reconnaît soi-même.
Être.
Parce qu'elles sont.

 

Jean-Pierre C.

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Grayscale © 2014 -  Hébergé par Overblog