Variations autour de Goldberg

Variations autour de Goldberg

Avec l'aimable participation de Jean-Sébastien Bach

 

Le cycle d'ateliers d'écritures du 10 Avril au 26 juin 2021

- accompagné par Anne Rapp-Lutzernoff -

Ecrire au rythme des Variations Goldberg de Jean-Sebastien BACH

s'est conclu avec des

Variations Autour de Goldberg...

 

Des textes sensibles, uniques, originaux, rythmés, émouvants, et encore bien plus,

écrits et lus par les participant.es écrivant.es de l'Atelier d'Ecritures de l'Appel d'Art.

 

Les lectures ont été suivies par un

récital intégral des Variations Goldberg de J. S. Bach

offert par la pianiste Claire Carrière.

 

© Photo AnneRL

 

Des textes à lire ci-après avec délectation...

 

Les auteurs et autrices, dans l'ordre d'apparition :

 

  1. Michèle Aubèry
  2. Jean-Pierre Curnier
  3.  Annie Breton
  4. Anne-Marie Bireaud
  5. Nathalie Duval
  6. Marie-Sol Soler
  7. Sarah Carrière
  8. Claudine Laurent
  9. Claire Carrière

 

 

Variations Autour de Goldberg

Lectures & récital

Sur invitation

Dimanche 4 juillet 2021 à 17h00

A Tarascon (13)

© Photo AnneRL

 

Confidences Aux Divinités


Le soir tombe, instants spéciaux
Conclusion d’une journée de vie.
Sortir de ce mi-malaise mi-songe qui me ballotte entre l’appétit de vivre et l’attraction intrigante de la mort.

 

C’est, alors que le silence s’appesantit, que s’ouvre la porte d’un monde secret qui n’appartient qu’à moi.
Prête à m’abandonner, je laisse converser les parcelles de moi.
Pourquoi ne pas me saisir d’un crayon et tracer, 
Laisser la mine de plomb relier les temps 
Puis l’abstraction arriver ?
Conscience de l’infinité des possibles.
L’abondance me confond,
Je tiens l’univers dans le creux de ma main
La générosité me bouleverse.
Promenade rêveuse, l’inconnu m’aspire
La beauté se célébrera en tant de déclinaisons
Danse, musique donneront la leçon de l’éphémère, l’urgence du moment de grâce.
Le tableau traversera les siècles.
La poésie restera, mots universels.
C’est en vérité entre volonté et hasard que tout va se décider.
L’enjeu est de tout solliciter.
Le corps, la main, l’outil, la pensée.
Faire émerger l’intime de moi
Et le rythme, le rythme, les rythmes à l’infini. Grands ordonnateurs du vivant
Me voilà maîtresse du monde,
Je suis sauvée. Aucun temps ne sera perdu.
Mais le labeur n’est pas tout
Inévitablement le chaos s’en mêle
Tonnerre et confusion
C’est là où tout se fait.

 

Mes mains, sortes d’antennes, captent les influx, disent les couleurs
Le vivant debout célèbre le courant vital,
Celui qui met en marche
Réalité d’un corps merveilleux qui relie au monde.

 

Et le danseur…
Il bondit vers le ciel, quitte la pesanteur
L’équin de ses pieds trace des cercles infinis, compas inspiré de l’écriture céleste,
Qui vient, comme ça à l’impromptu habiter le poète.
Confidences aux divinités, 
Mots tracés sur un modeste papier, 
Il inscrira à jamais dans l’univers cosmique la naissance du monde, l’origine primordiale

 

L’émotion submerge mon sommeil, les larmes coulent et lavent le charbon de ma vie.

 

Les pas rythmés, les mouvements chaloupés,
La mélodie, les arpèges,
Les couleurs chéries, la lumière évoquée, toujours percutée par l’ombre
Portent ma joie de vivre et l’exceptionnel voyage de l’existence.
Et aussi ma peine, ma douleur, ma crainte de mourir et voir s’évanouir l’autre aimé.
Et de recommencer toujours, toujours
Avec l’innocence d’un nouveau-né et le simple émerveillement d’être.

 

Exaltation, joie profonde.

 

Je suis immense et minuscule
Je suis devenue une fée,
Et de tendresse je suis toute remplie.


Michèle Aubéry

 

© Photo Nathalie Duffourg

 

Variations sur la nuit


J'aime trop la nuit, pour elle, pour moi,
Je suis seul à sentir son impalpable poids

 

Barque brumeuse ou défaite,
Le sommeil veut m'emporter 
Révolté, je refuse de le suivre.
Le sommeil est un voleur de poules
Il crépite comme un court-circuit
Pendant que la nuit se déshabille
Feulement de soie
Et se love contre moi

 

Corps gourd et crâne qui insiste
Cœur lourd et rêve qui résiste
À la recherche de l'amour
la nuit est là, love

 

L'esprit, ce vieux singe, veut tout expliquer
Il se noie, s'il n'a une barque pour le faire voyager.
Manqué l'embarquement
Il s'arrange une vérité

 

Mais la nuit a sa propre vérité
Il faut glisser en soi pour la trouver
Et combattre ce que l'on a voulu oublier

 

Il faut écouter la nuit
Et la laisser libre
Ne pas la presser
Il faut l'attendre
Sans la vouloir

 

Je lui ai demandé une fois
 « À qui appartenez-vous ? À quelqu'un, à quelque chose ? »
Non, elle m'a répondu  « Je suis toute seule
J'existe juste pour vous laisser chercher la lumière
Je suis le chemin pour sortir de l'obscurité et de l'ornière »

 

La nuit :
Pour lire
Écouter de la musique
Changer de peau dans une salle de cinéma
Pour les feux d'artifice et les éclats
Pour comprendre, pour entendre
Pour rêver, pour aimer

 

Fond d'écran des étoiles
Première et ultime révélation de ce que nous sommes
Question et réponse à notre spiritualité
Démolition, reconstruction, démonstration
Désillusion, induction, fiction et espoir
La nuit fond sur nous, elle est crêpe de deuil et chocolat noir
Plastique, bienveillante, pédagogue et mutine
Elle console elle imagine
Elle se pose et se laisse aller sur mon épaule

 

Je la caresse...

 

J'aime la nuit, pour elle, pour moi,
Je suis seul à sentir cet impalpable poids.


Jean-Pierre Curnier

PAWEL MAZURKIEWICZ JAZZ TRIO Goldberg Variations

 

© Photo Nathalie Duffourg

 

La Réparation


Je dois me laisser porter par le chant poétique de la musique pour m’élever et m’exprimer.
Mais la ligne de la tristesse trace sa route …

Elle part, elle court, elle saute de rochers en rochers, lisses ou rugueux, poussée par le vent du cauchemar.

Elle m’irrite et me déconcerte.

Cauchemar éveillé,
Bad trip,
E pericoloso sporghersi. Fermati. Lâche la course folle de tes pensées, le souvenir et les pleurs.

Il n’y a pas de vérité, cesse de te noyer dans la nuit.

C’est l’heure du grand ménage !

Écoute le piano léger qui, tel une boite de couleurs, offre son chant et se lance dans une danse salutaire.

Rumba – Samba – Salsa.

Il inonde de joie, d’humeur, d’humour, d’amour.

C’est un bouquet explosif, je flotte dans l’air, j’attrape le soleil.

Brûlure jaune, orange, jaune.

Respiration lancinante, mélodie, douceur.

Puis bleu, puis rose. Plus de cris, plus de craintes, les douleurs du passé sont déposées.
Tout est possible. La musique salvatrice a ouvert la route vers un avenir radieux.
L’élan de vie devient une arabesque colorée qui a réparé l’histoire.
Je peux enfin me laisser porter par le chant poétique de la musique pour m’élever et m’exprimer.


Annie Breton

DAGO Goldberg Variations

 

© Photo Nathalie Duffourg

 

 

Frémissements


Aria
Frémir, dans tout et partout et toujours, pour que surtout rien ne se fige

 

Encore un peu de ce petit matin rose, presqu’à peine tiède, pieds nus sur la terrasse, un café à la main.
Encore un peu de ces pirogues légères qui glissent entre les iles du fleuve
Encore un peu de cette douceur là avant.

 

 En route ! Dehors les mobylettes tournoient déjà furieusement sous le soleil qui se
            déploie. Il y a de l’urgence joyeuse dans l’air, des salutations qui claquent, des cris 
             d’enfants, des braiments d’âne. Vite, faire rugir ma mobylette et me lancer dans la 
             mêlée, les dents serrées, les yeux aux aguets. On accélère !

 

Et j’y suis ! Sur le grand boulevard, vite engloutie par la marée des deux- roues qui me porte. On s’entrelace et l’on se croise, cauchemar et miracle. Si tu freines, tu meurs. Tenir le rythme à tout prix, asphyxiée par les gaz, anesthésiée par les pétarades.

 

Tend le bras à gauche et faufile toi doucement hors du goudron et sa folie. Enfonce- toi dans les ruelles de latérite, dans le silence de poussière rouge. Ici bat la vie intemporelle, la vraie. Pied à terre, je marche, je salue, je marche encore, je salue de même. Alors, d’un coup, la journée s’ouvre, chaude, habitée. Mais la- bas, est ce qu’elles m’attendent déjà ?

 

Ou sont-elles ? Des heures en plein midi sous un manguier. Le temps de ma montre grignote ma patience. Le temps, autour de moi : un margouillat qui s’étire, une pintade peu farouche, l’ombre des feuilles qui rétrécit, les yeux tranquilles des hommes allongés sous l’arbre à palabres. Et les voilà, tabourets sur la tête, enfants dans le dos, les gestes amples, dans un brouhaha joyeux, s’installent sur la natte autour de moi, me saluent. Un autre temps commence. Je suis vaincue.

 

Ils ont tout partagé avec moi : nourriture, eau, sourires des enfants, silence, toit. Cette nuit, adossée au mur encore chaud de banco, dans l’obscurité bruissante de la cour familiale, le bonheur monte, il me dévore. Et la paix, sans partage.

 

« Il va trop vite « dit l’apprenti, suspendu dans le vide. Les taxis – brousse sont invincibles, même sur une piste glissante comme un miroir au crépuscule. Nous glissons au son de la rumba zaïroise qui grésille dans les haut- parleurs. Cris aigus des passagers. Une fraction de seconde sans peur. La mort ? Et puis le choc, presqu’une caresse. Ou es-tu, maintenant ?


Ensevelie, oui c’est ça. Qui est sur moi, qui gémit ? Vous me serrez trop fort, je suffoque. Sang, karité, feu, pleurs de bébé, cantique, obscurité, bras de femme, pied d’homme, nuque d’enfant, tous emmêlés, prisonniers de la carcasse métallique renversée. Qui me tire dans la boue obscure, ma robe en lambeaux ? Qui me sauve ?

 

Pourquoi êtes- vous encore ici, mes sauveurs, mes amis, mes amours ? Aucun oubli ne peut me séparer de vous.

 

« Tu vas traverser seule, quelle folie ! »  Les chaos incessants m’ont cassé le dos, un enfant inconnu dans les bras et une chèvre sous mes genoux. Dunes, pâleurs, hommes voilés d’indigo. Le désert pointe, le silence minéral aussi, je l’attaque, titubante, sac au dos.

 

La nuit, au milieu des dunes, apparaît subitement, venu de nulle part, un long touareg silencieux devant notre bivouac. Cigarette ? puis, il se dissout dans la nuit étoilée. Le jeune marabout me poursuit jusqu’ici. Lutte obscure entre magie, raison et sagesse. Je n’en sortirai pas indemne.

 

Aria
Quand j’écoute la délicate kora frémir,  je vous vois, mes amis, je vous entends. Vous m’encerclez, me hissez, me possédez. Pour toujours.


Anne- Marie Bireaud

Lambarena - Hugues de Courson et Pierre Akendengué

 

© Photo Nathalie Duffourg

 

Cheminement… vers un autre temps

 

Aria
Poser le Temps pour renaître
Sans contraintes de la raison,
Apprivoiser les variations du temps
Pour apprendre à se libérer du temps

 

Tic tac
Trouver la tactique
Pour effacer les tics
Qui se sont construits au fil du temps.

 

Poser la tête sur la table,
Glisser les glaires dans la glu,
Courber  le corps câlinement,
Émietter l’élan dans sa liquidité.

 

Annihiler
L’analphabète
Qu’on croit être
A force de s’oublier,
Se méconnaître,
A force de le temps presser

 

Uppercut
Saignement
Lame à vif
Gémissement
….Doucement….
Sans pleurer
Sans frémir
Toujours sourire…..

 

Fleur au fusil
Pas cadencés
Avance !!!!!!!!! Recommence !!!!!!!!
Tais-toi !!!!!!!!
Muselle-toi !!!! Ne réfléchis pas !

 

Et cette blessure profonde et sale
Qui creuse un peu plus chaque jour..
Ton être
Creuse le trou de ta tombe
Boite fermée pour te cacher…


Tumulte
Lourd et lisse
Exténué
Qui s’agripaille
En grosse pagaille
Sans entrailles de ton âme délitée

 

S’acharner à ne pas se noyer dans l’eau tarie d’un monde pourri qu’on s’est crée pour ne pas faire semblant d’exister.

 

STOP
Munsch l’a crié
Jackson l’a chanté
I’m gonna make a change
For once in my life…..

 

Sors de ta coque-chrysalide
Respire !
Écoute !
Oublie le passé !
Sois Toi, 
En entier !

 

Tel un funambule
Il sort de sa bulle
Et sent cotonneusement une douce chaleur l’envelopper….
Liberté….
La baguette de la fée Clochette
T’emporte
Dans ton monde
Inconnu
Tu oublies ce faux sourire… béat...
Affiché durant des années
Trompeur
Caverneur
Pauvre petit pantin pantelant
Sur cette corde du temps.

 

Monter l’échelle vers les étoiles,
Se laisser planer, voler,
Nébuler dans l’accumulation de son Soi allégé.

 

Petites bulles dans la nuit cheminent au milieu des comètes qui dansent – en cadence – à travers le temps qui s’effilent - s’entrefilent, comme un éclair les bulles de vie éclatent sans bruit….


La mémoire transperce le labyrinthe des pensées ; volcan bouillonnant qui s’épuise en larmes flamboyantes pour s’éteindre à jamais mortifiées – Cicatrices…

 

Maître du Temps maigrit
Se relâche et se ride.
Ses pas clopin-clopant
Ralentissent.
Petite Tête lui dit :
« Secoue toi, je suis là ! »
Monsieur le Corps maugrée.
Il est fatigué...

 

Mais le soir
Dans le noir
A coups d’espoirs
Tu sais que tu peux encore tout changer,
Te lisser, te détendre
Pétiller !
T’entourer de cette douce chaleur
De bonheur et d’amitié
Qui te permettent toujours d’exister,
D’Aimer.

 

Cœur et Corps courent vers la lumière du rêve que depuis ta plus tendre enfance tu ’es créé
Et dans une mouvance mauve apaisant, ils bravent d’un sourire franc
La morosité du Temps.
Émerveillement.

 

Aria
Poser le Temps pour renaître
Sans contraintes de la raison,
Apprivoiser les variations du temps
Pour apprendre à se libérer du temps

 

Nathalie Duval

 

© Photo Nathalie Duffourg

 

Vol D'aigrettes


                                              ARIA
Un vol d'aigrettes de pissenlit s'est assoupi dans la chevelure du vent.
Une imperceptible note grelotte 
Dans la minuscule hésitation d'une douce cadence.

 

                                              VARIATION 1
La dune, sous la lune, écoute son sable égrener ses carillons.
Des scarabées insaisissables les roulent en chansons.


  
                                              VARIATION 2
Un ballon se promène à l'abandon, dans le cœur d'un chasseur d'étoiles filantes. 
Des plumes de papier poussent sur ses pieds.

 

                                             VARIATION 3
Un archer funambule, perché sur un dragon, plisse en somnambule
Les cordes d'un violon furibond.

 

                                             VARIATION 4
Des géants de plume et de sang tournoient poussés par le vent.
Des cris de souricières courent sous leurs peaux pierres.

 

                                             VARIATION 5
Tissées de musique mes pensées filent
Sur les limbes invisibles des feuilles figées en ogives.
L'immense triangle entre en vibration.

 

                                             VARIATION 6
Les aigles explorent les interstices des abysses.
La résine du feu scintille dans leurs yeux.
Ils se faufilent entre les failles oubliées et s'immergent dans la voie lactée.

 

                                             VARIATION 7
Un piano brode avec ses cordes les traces du silence.
Nos cœurs s'y posent sans cause.
Leur écho gonfle l'espace puis s'efface.

 

                                             VARIATION 8
L'alchimie d'une goutte d'eau éclose sur un roseau 
Éveille l'écume rouillée des rochers  dispersés.
Nos pas, dans la mousse froissée, frôlent les frontières du temps. 


                                             VARIATION 9
L'ocre africain nous emporte.
Les danseurs se penchent,
Les voix s'appellent,
Les peaux tendues claquent.
Bach cisèle ses ondulations dans le métal de la danse.

 

                                            VARIATION 10
Un ruban bleu s'éclipse d'un arc sans ciel.
Des hirondelles, du bout de leurs ailes, dessinent des lignes aux cent cygnes.

 

                                             VARIATION 11
Des clés de sol un peu folles, caracolent les paroles, d'une carmagnole échevelée.

 

                                             VARIATION 12
A la cime des montagnes, une voile ivre de tramontane
Déclenche les incantations des frondaisons.
Pêle-mêle les oiseaux affrontent en apnée,
Leurs rêves d'immensité.

 

                                             VARIATION 13
Puits sans souffle de l'enfance, les ricochets sombrent en trémolos.
Les cauchemars, décochés par les grelots des gnomes et des fées, 
S'insinuent dans nos tympans.

 

                                             VARIATION 14
Fossiles enclavés, de clavecins en claviers
Chacun de nos nerfs interprète son instrument,
Du plus délicat des airs au titanesque ouragan.


                                             ARIA
Plus qu'un fil, un seul fil, moins qu'un fil, Aria si fragile.
Ballotté dans un lâcher d'âmes minuscules, un Phoenix hésite au bout de mes doigts.
Loin de l'obscurité saccadée,
Un monde de lucioles aux seins lumineux.

 

Marie-Sol Montes Soler

 

© Photo Nathalie Duffourg

 

Longues Heures Rêver


Rappelle- toi .

 

Allez, un petit effort.

 

Rappelle- toi… Rappelle- toi cet après midi bien matinale
Où assise sur un banc tu écrivais.
Ces quelques lignes qui plus tard pourtant t’ont fait pleurer

 

Est ce que c'était seulement dans tes pensées?
Je la voyais danser, comme libérée
Un papillon, une fleur, sûrement envoûtée

 

Lève la tête, je sais que tu en as envie
Lève ta tête, et regarde ces nuages
Ils sont beaux n’est ce pas ?

 

Ils flottent et ont l’air si léger

 

Tu sais ce qu’ils me rappellent?
Cette nuit là où le vent soufflait
Cette nuit là où la pluie et les larmes ont coulé

 

Mon cœur est lourd et, en écrivant ces quelques mots
Pourtant je ne suis pas triste
Les choses simples parfois son trop simples

 

Allez y 
Allez mettre du compliqué là où il n’ y en as pas
Tout serait plus simple

 

Voilà soudainement que …
voilà soudainement que mon cœur s’envole
Je le sens battre, il est bien là et a l’air si léger

 

Parler de choses tristes a parfois l’air plus facile que de parler du beau temps qu’il fait ou bien de la fraîcheur qu’apporte cette pluie en été.

 

Me voilà que je m’éparpille
Ah ben tiens voilà que toi aussi tu t'es éparpillé?
Voilà que tu es là sur ta chaise à te demander ce qu’elle te raconte cette jeune fille


Figure toi qu’elle te raconte une histoire
Comme elle aime en entendre et en créer 
Venant du plus lointain de son imaginaire, 
Elle créée

 

Pour toi
Oui, pour toi et toi seulement elle te créera une histoire
Non d’un prince charmant et d’une princesse chevauchant à cheval sous un coucher de soleil

 

Pour toi
Elle te créera mieux que ça
Un papillon à dos de chevreuil nageant dans un lac sans fin lors d’une tornade

 

La voilà

 

Elle est perte, nue, nostalgique et mélancolique 
Pendant que chenilles et lapins font une course incessante et fulgurante.
Il faut les voir, ces gouttes tomber dans cette eau si pure

 

Est ce que c’était seulement dans mes pensées ?
Tu la voyais danser, et libérée
Un papillon, une fleur, elle est envoûtée

 

Alors, tu t’en rappelles ?
En cette fin d'après midi, le temps est passé
Et voilà que ces quelques lignes touchent à leur point

 

Allez, un petit effort.

 

Rappelle- toi .


Sarah Carrière

Goldberg · Camille Bertault - Pas de géant

 

© Photo Nathalie Duffourg

 

Variations de nos sens éperdus

 

L'Aria s'invente,
le thème est donné.

 

Désormais, notre souffle hésite entre le suave et le haletant. 
Les doigts de l’interprète impulsent notre respiration, impérieux ou caressants.
Les variations se succèdent dans un envoûtement progressif, tortueux, lancinant. 
De l’eau  coule dans de fluides circuits sonores.
Notre respiration s’exalte et monte vers l’éther.
            Éther. Éternité.

 

Notre corps entre en vibrations, d’abord imperceptibles , puis se libère longuement des lourdeurs de la terre. 
Le geste s’étire, s’inspire, à cheval sur les notes il cavalcade sa sensualité.
            Libre, aspire, respire !
Les doigts ailés de l’interprète ont transcendé nos sens.
            Voltige. Vertige.

 

Mais déjà se profile l’horizon d’une aria réinventée.
Les cadences s’apaisent, les notes se diffractent en fragrances pulpeuses, 
L’air se dilate, le corps s’exalte, les sons se ouatent
Et tous nos sens en harmonie
Célèbrent Bach et son génie.


Claudine Laurent

 

© Photo Claudine Laurent

 

Prélude aux Variations Goldberg, architecture de l'illimité

 

Œuvre découverte, approchée, apprivoisée.
Œuvre interprétée en concert, une fois, deux fois, sept fois. Puis laissée reposer, deux années.


Me voilà à nouveau face à elle,
redécouverte,
ré-apprivoisée,
renouvelée.


Notes retrouvées ; et dont incessamment la limite s'éloigne, jusqu'aux confins de l'illimité.


Architecture, structure, savamment organisées :
de l'infiniment petit, à l'infiniment grand ;
de la micro-cellule : une note, 
à la mesure : une harmonie, une mélodie en sa naissance,
à l'Aria ;
de l'Aria, aux trente variations.


Exploration de la joie : sol Majeur ! 

Rencontre d'une joie encore plus dense, enthousiaste, brillante : ré Majeur ! « Ich freue mich in dir ! » - « Je me réjouis en toi! » - comme nous l'entendons dans la Cantate BWV 133 pour le troisième jour de Noël.

Passage en mi mineur, un instant mélancolique, presque nostalgique.

Retour en sol Majeur. Vingt sept fois exploré, en vingt sept univers aux définitions unifiées.


Trente deux mesures, pour l'Aria.
Trente deux mesures, ou 16 si la mesure est longue, pour chacune des variations.

Aria – Trente variations – Aria : trente deux.

Chaque variation serait-elle le reflet de l'une des uniques mesures de l'Aria ? 
Peut-être ?


Des trente variations, trois sont en sol mineur, tonalité des mouvements intérieurs.


Chaque variation révèle en sa forme, une métrique, une polyphonie, un contrepoint, canonique – toutes les trois variations, - ou encore une danse : ici une courante, une gigue, un passe-pied ou une sarabande ; là un menuet ou encore une presque sicilienne. En duo, en trio, en quatuor !


Les canons , quant à eux , naissent :
à l'unisson,
puis à la seconde,
à la tierce,
à la quarte, renversée, à la quinte, en miroir,
à la sixte, à la septième … à l'octave. 
Jusqu'à la neuvième, envolée de cloches un jour de joie.

L' harmonie demeure, ancrée dans le déroulement de l'Aria.


De l'expression de la joie, au lamento le plus ébranlé, à la passion la plus intime inscrite en la souffrance de l'être.


Nouvelle écoute, nouvelle approche : comment nommer que ce qui se voit, s'entend, se connaît, nous échappera toujours ?

Comment phraser que cela me ramène à mon humanité, tissée d'instants que je rencontre et raconte ? Sans cesse émerveillée.

Sans cesse intimidée.

Et cependant la timidité s'efface devant l'immensité.


Mes mains appartiennent à cette immensité, elle dont la structure érige des univers sonores aux harmonies si fines qu'elles paraissent dévoiler, reliées, une création qui nous dépasse : le miracle de l'existant.


Clarté des sons.
Clarté d'un cœur qui bat à travers les sons.


Souffle invisible, engendrant le visible.

Souffle silencieux donnant naissance à la musique.


Humblement, participer, apporter ma pâte, mon être, à cette œuvre si terrienne et dans le même instant, me semble-t-il, ancrée là, à la source créatrice du Verbe.


Claire Carrière

! VARIATIONS AUTOUR DE GOLDBERG !

 

© Photo AnneRL

 

Teaser de The Goldberg Variations, BWV 988 - Anne Teresa De Keersmaeker & Pavel Kolesnikov

Animation for J.S. Bach’s “Goldberg Variations”

Tatiana Nikolayeva plays Bach Goldberg Variations, BWV 988

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Grayscale © 2014 -  Hébergé par Overblog